lundi 6 octobre 2008

Le Rouet d'autrefois - Souvenirs d'Alexandre


Je suis né à la rue Liandier en 1921. En face de chez nous, il y avait le charretier Faury, il avait un attelage de deux chevaux qu'il garait devant le 53. Mon père et ma mère travaillaient à la pharmacie militaire à la rue Liandier. En plus, mon père faisait des gâches à la menuiserie Bourguignon. Il faisait des caisses pour les savonneries. Je le revois, il tenait les clous dans sa bouche et il tapait à toute allure avec son marteau.

Je suis allé à l'école du Rouet, puis à Pierre Puget. J'allais au patronage du Prado pendant les vacances, au 131 avenue du Prado, à Timon David. Il y avait une grande cour, la chapelle, la salle de théâtre. On jouait parfois des pièces. On courait beaucoup, on abîmait nos chaussures. Le soir en sortant je cherchais du fil de fer pour réparer mes semelles. Parfois je mangeais chez mon voisin du rez-de-chaussée et comme j'allais au "patro", quand on mangeait les capellans (poissons) il me disait "tu as vu ce qu'on en fait de tes capellans!".

De ma fenêtre au premier étage, parfois je lançais à manger aux rats. Un jour il y en avait un qui était entré chez le voisin et qui l'avait mordu.

Dans la rue, il y avait des ornières. Il y avait un bec de gaz au coin de la rue Liandier et du chemin du Rouet, et un au coin de la rue Liandier et de Roger Renzo. Le type venait les allumer tous les soirs avec une canne briquet. Roger Renzo, c'était un collègue, il était très beau, tout frisé. Il a été fusillé pendant la guerre.

A la rue Borde, il y avait une laiterie. Le laitier passait tous les jours, il venait de St Menet avec son cheval. On l'appelait "Le pastre".
Au coin de la rue Borde il y avait aussi celle qu'on appelait "la rouge", la marchande de légumes.

Nous, on avait de quoi vivre normalement, ma mère avait une bonne place, elle était contremaîtresse.

Il y avait une bonne ambiance dans le quartier. C'était paisible et amical. A l'école c'était du tonnerre. Comme instit, il y avait M. Baudoin. Il apportait de chez lui des instruments comme des microscopes, ce qui me faisait penser qu'il était assez fortuné. Comme directeurs je me souviens de M. Couillé et M. Boédat, une sorte de Raimu. Il y avait aussi M. Honnorat qui frappait avec la baguette. Mais si on se faisait frapper on ne le disait pas car sinon on prenait double ration à la maison.

Je faisais les devoirs sur la commode. Ma mère avait le brevet, elle n'était pas bête. Elle surveillait mes devoirs et me faisait recommencer.

Comme collègue je me souviens de Roger Salel, Roger Renzo et C...i. C...i, le jour de son mariage il est parti. Les frères de la fiancée l'ont poursuivi pour le tuer. Il est parti se cacher en Italie.
Parfois avec les collègues on allait au guintchou, rue des Economies (les huileries), il stockait les arachides. On allait faire le plein de cacahuètes.

A la rue Borde quand il y a eu le bombardement, il y a eu une bombe juste sur une maison seule, de suite après le jeu de boule. J'avais là des collègues : Orame, Bastide.

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